Ce n'était peut-être pas une bonne idée... ft. Pandora

Ce n'était peut-être pas une bonne idée...

Le jour tirait à sa fin, le soleil commençait déjà sa descente sur l’horizon. Il n’était que dix-huit heures trente, pourtant, la pénombre s’était déjà installée dans l’appartement de Niels. Quelle poisse les jours qui raccourcissaient en hiver ! Comme si la chair de poule et les grosses doudounes ne suffisaient pas ! Cependant, quiconque connaissait un minimum Niels, savait que lorsque le garçon avait une idée en tête, il ne l’avait pas autre part ! Et ce soir là, le jeune hollandais avait prit une importante décision. La peur n’évite pas le danger. Fuir sa Daisy n’était pas la solution, et depuis peu, la jeune femme décommandait systématiquement leur rendez-vous avec la bande. Tous souffraient de son absence. De plus, Niels était bien placé pour savoir que l’éloignement n’était pas une solution, quelques étaient les problèmes. Après sa rupture avec Pandora, le jeune homme avait coupé les ponts avec tout ce qui se rattachait à sa belle. En vain. Renier son passé est impossible, oublier tout et recommencer, une utopie. Non seulement il avait souffert de son exil, mais ses amis aussi. Ils avaient vraiment foutu un sacré bordel en sortant ensemble. Ils avaient surtout bien surpris les autres. Pandora et Niels ? Ensemble, cela relevait de la bonne blague ! Avec deux ans d’écart, ils avaient pour ainsi dire grandit ensemble. Ils se connaissaient depuis si longtemps que rien n’aurait put bouleverser cette si belle amitié. Petit à petit, le duo s’était constitué une bande d’amis. D’abord Pandora avait introduit Ginny, sa meilleure amie, parmi eux. Niels ne l’avait jamais au grand jamais regardé comme une petite amie potentielle. Il répétait haut et fort « pas d’amour au sein du groupe, pitié ! ». C’est sans aucun doute pour cela que leur groupe était si soudé ! Ensuite, ce fut au tour de Niels d’inviter son meilleur ami à se joindre à sa bande. Ça n’avait pourtant pas bien commencé entre eux, pourtant aujourd’hui, ils étaient comme des frères. Soren et son petit côté séducteur invétéré avait longtemps fait peur à l’hollandais, craignant une fissure dans la cohésion du groupe. Et pourtant, qui l’eut crut, ce fut lui qui transgressa les règles de la bande, et avec qui… Pandora ! Sa plus vielle amie, sa plus belle amante. Sa plus grande histoire, sa plus belle connerie.

L’heure n’était pourtant pas aux regrets. Les regrets c’était trop tard. Dommage ? Ou tant mieux ?... Non, Niels n’avait pas prévu de la reconquête de Pandora pour ce soir là. Il avait même « légèrement » perdu espoir de ce côté-ci. Niels voulait parler en véritable tête à tête avec elle afin de s’expliquer. C’est vrai qu’une fois leur rupture « officielle », cela avait été un peu le flou artistique. Ils ne s’étaient plus vraiment vus. Niels avait lâchement fuit pendant l’été, s’offrant un séjour dans le sud de la France. Grossière erreur. S’il avait su. Su quoi ? Que pendant ce temps là, Pandora rencontrerait l’homme qu’elle allait … épouser ! Même y penser le révoltait. Son cœur saignait à l’idée même de la savoir avec un autre homme, alors fiancée. C’était un fardeau insoutenable, qu’il devait porter chaque jour que Dieu faisait. Toujours est-il, qu’une mise au point était vraiment nécessaire. Niels supportait mal de la voir tous les jours si épanouie. Mais ces-temps-ci, il ne pouvait même plus endurer son bonheur, elle fuyait délibérément leur petite bande d’amis. Il s’était rendu compte qu’il préférait mille fois la voir heureuse avec un autre plutôt que ne pas la voir du tout. Restait encore à trouver les mots, justes, convainquant, sincères, mais sans en dévoiler trop.

C’est pourquoi, en cette soirée de décembre, où le froid de l’hiver qualifié de « mordant » sévissait, Niels se trouvait sur le pas de la porte de son ex petite amie, la peur au ventre comme jamais. Le jeune homme inspira longuement dans le but de retrouver une contenance, malgré tout, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender ce face-à-face. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas eu de véritable conversation ? Presque un an ? C’est une bonne base pour le dialogue, on a beaucoup de chose à se dire non ? Espérons-le , songea-t-il avant de presser son index contre la sonnette de l’appartement de Pandora. Espérons-le …

(arf j'ai écris en deux fois a cause de mes imprévus x)! Ça fera ptet bizarre ^-^)

A peine avait-il appuyé sur la sonnette, que son cœur s’emballa. Tout doux. Si l’on y réfléchissait bien, il n’y avait franchement pas de quoi s’inquiéter. Les visites de courtoisies n’étaient-elles donc plus autorisées ? Certes, cela ressemblait davantage à une mise au point, mais Niels s’inquiétait sincèrement à propos de Pandora. Lui qui la connaissait si vive et joyeuse, il la trouvait désormais éteinte et abattue, en permanence. L’idée qu’elle veuille se confier à son ex petit ami était pour le moins incongrue, mais elle devait parler à quelqu’un ! Cependant, la jeune femme se terrait dans un silence inquiétant. Même Ginny ne savait plus ce qui se tramait dans la tête de son amie. Malgré toutes les épreuves, tous les souvenirs, qu’ils avaient traversés ensemble, Niels restait son ami. Il voulait l’aider, mais il se connaissait. Les esquives de Pandora l’insupportaient. C’est pourquoi, lorsque le jeune homme entendit retentir la sonnerie dans l’appartement de Pandora, il eut presque envie de faire demi tour. Les pas qui avançaient vers l’entrée se faisaient hésitant. Attendait-elle quelqu’un d’autre. Si tel était le cas, sa visite serait une mauvaise surprise… L’air « pseudo détendu », Niels se reposait contre embrasure de la porte les bras croisés, le regard perdu devant lui. La porte s’ouvrit, laissant la fraicheur du couloir s’engouffrer dans l’appartement.

Pandora semblait au début anxieuse, mais dès qu’elle prit connaissance de l’identité de son visiteur, la surprise s’empara de son visage. Le jeune homme esquissa un faible sourire en guise de bonjour. Complètement prise au dépourvu, la demoiselle se contenta de souffler son prénom, le plus naturellement du monde. « Pandora. » Souffla-t-il en retour avant qu’elle ne s’écarte de la porte pour le laisser entrée. Elle se tenait devant lui, l’air troublé. Niels ne fit aucun commentaire quant à ses vêtements. Elle portait un t-shirt trois fois trop grand pour elle, lui arrivant à mi-cuisse. Il aurait put lui appartenir. Cette idée lui arracha un soupir qu’il réprima aussitôt. Le calme de son hôtesse le perturbait un peu. Depuis leur séparation, il l’avait connu bien plus… impétueuse ? Néanmoins, il pénétra dans l’appartement sans demander son reste. Comme il en avait le souvenir, l’appartement de Pandora était tout à son image. Elégant, chaleureux, un vrai petit cocon. Niels avança dans le couloir pour déboucher dans le salon. Bien sur, il connaissait chaque pièce de cet appartement, mais s’assoir si vite sur le canapé lui paraissait quelque peu… culotté. Alors il se contenta de faire volte face et de la regarder le temps qu’elle le rejoigne.

Niels ne savait pas vraiment par quoi commencer. Désormais angoissé, il se contenta de plonger ses mains dans ses poches tout en serrant ses poings. Une petite voix dans sa tête lui intima de prendre des nouvelles de son hôtesse. La politesse, mais oui ! On l’aurait presque oublié. Le jeune homme corrigea bien vite le tir en s’exclamant presque trop joyeux « Alors, comment tu vas ?! Pas trop éprouvant avec tes petits monstres ? » . Quel crétin. Sa voix sonnait faux, et elle allait croire qu’il se moquait de son métier. Bravo avec un grand « B ». Dans le genre « je mets les pieds dans le plat » on ne fait pas mieux… Niels se sentait ridicule au sein de cet appartement qui ne voulait pas de lui, avec cette fille qui n’avait rien demandé, ce soir où il aurait mieux fait de rester chez lui. Honteux, il baissa les yeux et souffla comme un enfant « Je… Je te dérange peut-être ? » C’est vrai qu’il n’avait pas même émit l’hypothèse qu’elle ne voulait pas entendre parler de lui. Il débarquer là, sans prévenir, et pensait avoir tous les droits. Et quand bien même elle lui soutiendrait le contraire, voulait-elle vraiment entendre ce qu’il avait à lui dire. Pas si sur…

La tension était palpable ! Et pour cause, cela devait bien faire un an que nous ne nous étions pas retrouvés pour un tête à tête. Si toute fois cela en était un. J’en doutais, et au vu de l’expression de son visage, j’étais loin d’être la belle surprise de la soirée. Il faudra faire avec. J’avais beau être décidé d’aller jusqu’au bout de mon entreprise, mes jambes commençaient déjà à trembler. Le seul fait de poser mes yeux sur Pandora les empêchait de me tenir debout. Un bon début, un très bon début ! J’avançais d’un pas nonchalant, ne savant pas trop ce que je devais faire. Je ne voulais pas m’assoir sans son invitation, mais à rester planter debout comme un manche à balais, j’avais l’air… ridicule. Qu’importe, un peu plus, un peu moins, je n’étais plus à une humiliation près ! Pandora ne semblait pas vouloir se montrer très chaleureuse à mon égard. Il fallait s’y attendre. En fait, elle paraissait vraiment déboussolée par ma visite. Était-ce si extraordinaire que je daigne quitter mon appartement pour passer la voir ? Il fallait croire que oui. J’avouais volontiers adorer trainer des heures dans l’appartement, mais on me trouvait la plupart du temps à l’extérieur, appareil photo en main. J’avais d’ailleurs oublié ce dernier à l’appart. Chose peu ordinaire, moi qui ne m’en séparais jamais. Cependant, cette idée d’aller voir Pandora n’était pas des plus ordinaires, et était loin de me laisser de glace, malgré le froid hivernal qui régnait dehors. Un bref regard vers la baie vitrée de Pandora m’apprit que la neige continuait à tomber, de plus en plus fort, et que l’épais manteau qui s’était formé il a de cela une demi heure, n’en finissait de grossir. Tout cela n’annonçait rien de bon.

Je lui demandais enfin comment elle allait. Après ce lourd silence, ma question prenait des airs d’interrogatoires, et mon ton enjoué, d’une moquerie. Moi qui avais dans l’optique de détendre l’atmosphère, le contraire se produisit. Pourtant, elle me répondit que oui, mais son sourire trahissait son mensonge. Je fus blessé qu’elle tente de me berner, si mal e plus. Je la connaissais depuis si longtemps ! S’il y avait bien une personne qui ne savait pas me mentir, c’était elle, et c’était réciproque, malheureusement ! Avait-elle oublié que je connaissais la moindre de ses expressions, la moindre de ses manies, le moindre de ses regards ? Et celui qu’elle m’adressait en ce moment tentait effrontément de me cacher la vérité. Je ne relevais pas, accusant le coup en silence. Elle enchaina vite sur les enfants, parlant de noël et de l’excitation des fêtes. Indirectement, cela me rappela que cette année-là, je passerais Noël tout seul. Je déglutis silencieusement tentant de chasser mes idées noires. L’heure n’était pas à l’apitoiement. Son léger rire me rappela à l’ordre, bien qu’il sonna faux. Elle me retourna la question. Au fond de moi, je me doutais qu’elle le ferait, question de politesse, cependant, je n’avais aucune réponse crédible à lui proposer. Mon premier reflexe fût de hausser les épaules, presque résigné, mais très vite je me repris. « Comme un soir de décembre. » Très, très, très éloquent ! Dans le genre réponse qui sert à rien, nous décernons la palme à Niels Van Derk ! Une ovation s’il vous plaît, mieux que ça, un tonnerre d’applaudissements !

Elle se dirigea vers la commode, me tournant le dos. J’étais presque soulagé de ce moment de répit qui m’était offert. Elle sorti deux verres de son meuble puis se retourna pour lui proposer à boire. Malgré la nervosité ambiante, Pandora ne perdait pas son côté chaleureux. J’avais presque l’impression de nous revoir, un soir d’hiver, à se préparer un chocolat chaud avant de venir se caler tranquillement l’un contre l’autre sur le canapé, près à regarder un film. Cette époque me semblait si loin… Je ne pouvais m’empêcher de me sentir tel un intrus dans cette maison. Une question me brulait les lèvres, et sans grande surprise, elle franchit le seuil de mes lèvres. Etais-je de trop ? Ma question sembla la troubler. J’avais peut-être mis le doigt sur la cause de son malaise, à savoir… moi ? Pourtant, elle me répondit par la négative, me confiant qu’elle n’avait rien prévu ce soir, mis à part trainer dans son appartement en se gavant de confiserie devant son écran. Alors… Pourquoi cette nervosité ? Je préférais ne pas insister au risque d’obtenir la vraie réponse. Elle brisa à nouveau le silence, mais cette fois-ci, avec une question plus que franche. Oui, elle voulait savoir ce que je fabriquais ici. « Je... » Je cherchais mes mots, en vain, mais elle me coupa pour se reprendre. Avait-elle peur de ma réponse ? Se doutait-elle en fait de ma venue ? Elle recentra la conversation (si ça en était une ?) sur mon envie de thé. Je me cru obligé d’accepter. Peut-être pour la voir partir dans la cuisine et me laisser seul ? « Un thé… serait parfait… ». Je passais ma main derrière ma nuque et lui adressait un sourire reconnaissant mais je savais qu’il faudrait que je crache le morceau, tôt ou tard. Et je savais aussi que tard n’était pas toujours la meilleure solution. « Panda… » Cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas appelé par ce diminutif. «Je… On n’a pas parlé depuis un petit moment hein ? C’est si étrange. Je suis le seul à trouver ça étrange ? »

Je n’ai jamais été très loquace. Ca fait partie de mon « charme », j’aimais pouvoir m’exprimer d’un regard. Ce n’était pas de la timidité, loin de là. La maxime « La parole est d’argent mais le silence est d’or » était en quelque sorte ma philosophie. Attention, j’étais loin d’être muet comme une carpe, mes amis démentiraient bien vite ses propos ! Le premier à déconner, à vanner, à faire l’idiot. Mais c’était toujours avec des gens que je connaissais. J’avais besoin de la confiance pour m’ouvrir totalement aux autres. Lorsque la confiance était là, aussi paradoxale que cela puisse paraître, on avait plus besoin de mot. Alors oui, je ne paraissais peut-être pas très chaleureux, mais ce n’était que des apparences. Je ne maitrisais vraiment pas l’expression de ses sentiments. Si bien que je me retrouvais comme un pauvre idiot au milieu du salon de Pandora, me balançant d’une jambe à l’autre dans l’espoir qu’elle dise quelque chose. Elle me connaissait, elle ne prendrait certainement pas mal mon absence de parole, du moins je l’espérais. Enfin, Pandora me lança une petite boutade, m’invitant ainsi à m’installer sur le canapé. Au fond de moi, je lui en étais reconnaissant, je n’avais plus le sentiment d’être le seul à vouloir mettre à l’aise l’autre, mais l’entreprise s’avérais néanmoins difficile ! « Tu es sure ? Il m’a pourtant l’air affamé! » Concluant ma phrase d’un rire léger, je ne tardais pas à atterrir sur le sofa de Pandora, ravi de pouvoir plier mes jambes, étourdies à cause de ma nervosité. Je pensais que m’assoir me calmerais un temps soit peu, mais c’était tout le contraire. En réalité, je ne supportais pas de rester statique alors que dans ma tête c’était un tourbillon de question et autres interrogations plus prises de tête les unes que les autres. Je voulais qu’elle arrête de bouger dans tous les sens, qu’elle me regarde dans les yeux et qu’elle me demande ce qu’il se passait à la fin. A la place, Pandora ne s’occupait que de nos futures boissons.

Comme pour exaucer mes prières, elle se dirigea enfin vers la cuisine, disparaissant de mon champ de vision. Je me détendais quelque peu, m’enfonçant dans le canapé, basculant ma tête en arrière, mes mains par-dessus. Après avoir échangé la politesse de base, je pouvais en conclure qu’elle ne souhaitait pas s’appesantir sur son cas, tout comme moi. Au moins, nous n’allions pas perdre de temps à parler de notre vie respective, qui a présent, n’était plus commune. A vrai dire, ça m’arrangeais. L’entendre vanter les mérites de son fiancé ? Très peu pour moi ! Je n’aimais pas « vraiment » Erwin, et c’était difficile à cacher. A chaque fois que le jeune homme s’immisçait dans la conversation lorsque nous sortions tous ensemble, il était sujet à nombre de moqueries, et Pandora, en bonne petite fiancée le défendait envers et contre tout. A chaque fois qu’elle l’évoquait, il me semblait que c’était une pique personnelle qui m’était envoyée. Il était si beau, si fort, si mieux. Lui voulait s’engager, lui l’avait demandé en mariage, lui l’aimait. Merde ce que j’avais envie de la faire taire dans ces moments là. Je n’étais absolument pas jaloux, juste passablement agacé par ses allusions peu flatteuses à mon égard. Peut-être me faisais-je des films ? Mais peut-être pas ! D’ailleurs, si Erwin était si merveilleux que ça, que faisait-elle seule ce soir ? Et je n’imaginais même pas sa réaction s’il apprenait que j’étais passée voir sa juliette ce soir-là. Car oui, je ne l’aimais pas beaucoup, mais au moins, c’était réciproque, bien que je ne trouve pas que le fait d’être l’ex de Pandora soit un motif suffisant pour ne pas aimer quelqu’un. Cependant, cela me permettais de n’éprouver aucune sympathie pour lui.

Je l’entendais manier les tasses sur le plan de travail, puis démarrer le micro onde. La minuterie de ce dernier était le seul bruit percevable dans tout l’appartement. Ca avait quelque chose d’assez stressant, sans parler de l’obscurité due à la lumière tamisée de l’appartement que j’aimais tant chez Pandora. Presque à l’aise dans cet environnement qui m’étais pourtant devenu inconnu, je me lançais à poser la première question fatidique. A mon grand étonnement, c’est la sécheresse du silence qui vint me répondre. Le micro onde sonna, elle l’éteignit, sans aucun bruit. De longues secondes, qui me parurent des heures, s’écoulèrent dans cette absence de vacarme. Puis, tout doucement, le son des tasses, des pas provenant de la cuisine, et une demoiselle les mains chargées de deux mugs fumants. Cette dernière s’assit juste à côté de moi, un léger sourire aux lèvres. Elle m’expliqua calmement qu’elle était très occupée en ce moment. Je ne savais pas comment l’interpréter. Mon cerveau carburait à vive allure, quand soudain, elle se releva d’un seul coup, si bien que je ne pus m’empêcher de sursauter. Bonjour la virilité ! Elle lâcha plus qu’agacée que « ca allait ». Je n voyais pas où elle voulait en venir. Elle ne me laissa pas même le temps de répondre qu’elle enchaina dans son monologue. Elle explosa comme jamais, décrétant qu’elle ne savait plus où elle en était, m’accusant ensuite de la trouver égoïste. C’était à rien y comprendre ! J’étais abasourdi par la violence de sa réaction. Elle prit sa tasse encore fumante pour aller se placer devant la baie vitrée, admirant sans doute le vol des flocons dans la nuit. « S’il te plais Pandora ! » Je passais, impuissant, ma main sur mon visage, me relevant doucement, n’osant pourtant pas m’approcher. « Regarde dans quel état tu te mets… » Je ne l’avais dire jamais vu ainsi, et j’avouais que ça me perturbais assez. J’étais venu ici pour tirer les choses au clair, voir même la sermonner, au final, les rôles étaient inversés, et je ne savais pas comment sortir de cette situation ! Sans crier gare, elle m’annonça que si je voulais du sucre, il se trouvait dans la cuisine. Ca me faisait une belle jambe, vraiment ! J’en avais assez de ses sautes d’humeurs ! « Mais je m’en fou de ton sucre Pandora ! » J’avais élevé le ton, chose que je faisais rarement, mais ne me démontais pas pour autant. « Tu vas me dire ce qui n e va pas merde ?! » Tout ce cirque devait cesser ! « Tu ne viens plus au rendez-vous avec la bande, tu mens a tout le monde… » j’hésitais à lâcher ma dernière phrase, mais je le faisais tout de même. « Tu n’es même pas avec Erwin… » C’était peut-être un peu fourbe, mais c’était la vérité.

Moi qui avais pour idée de détendre l’atmosphère, ma petite blague tombait vraiment à plat. C’est ce qu’on appelait « se prendre un vent ». Bonjour l’ambiance. J’étais loin de m’imaginer que rendre visite à mon ex, qui, soit dit en passant, restait normalement mon amie, soit aussi périlleux. Moi qui connaissais Pandora comme une jeune femme chaleureuse, que dis-je ? Si bienveillante qu’il était difficile de ne pas se sentir chez soit après deux minutes en sa compagnie, je tombais des nues. Je la connaissais depuis l’enfance. Bon coup de pouce de nos mamans, je me rappelais encore du jour où la mienne m’avait annoncé que ma tata de cœur allait avoir un enfant. Oui, dès sa naissance, je pouvais la considérer comme ma cousine. Je n’ai que peu de souvenir, mais quelques images restent gravées, comme celle de la visite à l’hôpital, où, en toute franchise, j’ai trouvé que Pandora ne ressemblait pas à grand-chose. J’ai eue le temps de changer d’avis, fort heureusement ! Malgré l’amitié qu’entretenaient nos mères, rien ne nous obligeaient à devenir proches. Plus que ça même. Cela dépassait tout simplement l’amitié, mais cela ne franchissait jamais le seuil houleux de l’amour. On appelait ça la complicité. Pandora faisait partie de ma famille. C’était aussi simple que ça. Et je ne me voyais pas vivre ma vie sans sa présence, à l’époque, en tant qu’amie, puis après, comme amante. Je portais beaucoup d’affection pour Soren, mais je pouvais décréter sans la moindre hésitation que la personne qui me connaissait le mieux était, est, et sera toujours Pandora. Dès le début. Dès le tout début, je savais que nos chemins ne pourraient jamais se séparer, il en était ainsi. La preuve avec la situation actuelle. Nous ne nous parlions guère, et pourtant, il était difficile de s’éviter. Grandir ensemble implique de partager beaucoup. Et nous l’avions fait, peut-être trop ? Nombreux de mes amis étaient également les siens. Ma famille la considérait comme la petite dernière, la sienne comme le grand frère protecteur. Chaque lieu d’Amsterdam me rappelait un souvenir vécu à ses côtés. Il m’était impossible d’écouter la moindre chanson Coldpaly (♥) sans me souvenir que cela avait été mon premier concert à ses côtés. Elle continuait de peupler mon passé, et ne pourrait jamais s’effacer. Pandora c’était celle avec qui j’avais tout fait. A commencer par tester la cire épilatoire (et je lui en voulais encore d’avoir gagné ce pari) jusqu’à monter en haut de la tour Eiffel (merci papa). Prendre mon premier bain de minuit et expérimenter le cocktail douteux vodka & Get27. Il m’était tout simplement impossible de citer tout les exemples tant ils étaient nombreux. Notre présent n’est pas ce qu’il est sans notre passé. Le présent, c’était les murs qui constituerait notre vie future, on pouvait en construire, en abattre, en reconstruire. Mais… Le passé c’était les fondations, et tout bon maçon sait qu’on ne touche pas aux fondations. Mes fondations à moi, c’était Pandora. Tout bon maçon sait aussi que les fondations sont primordiales pour que le reste tienne, et aujourd’hui, ma Daisy elle s’était barrée. Alors avant de pouvoir construire de nouveaux murs, il me fallait consolider mes fondations. Était-ce pour cela que je me trouvais dans le salon de Pandora ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, quand je me rendais compte à quel point être dans la même pièce nous était difficile pour tous les deux, je ne pouvais m’empêcher de me dire que nous avions fait là une bien belle connerie. Et en écoutant le silence pesant de l’appartement, je ne pouvais m’empêcher de regretter nos parties de cache-cache dans le parc, et me dire qu’à l’époque, tout était plus simple. Tellement plus simple…

Pandora me tournait le dos, et je me demandais si ce n’était pas pire que de voir dans ses yeux de la colère. Ne dit-on pas que le pire des mépris est l’ignorance ? Elle restait interdite face à mes propos. Oui, il était temps que je vide mon sac, même si ça faisait mal, autant à elle, qu’à moi. Mais, à peine eu-je terminé, qu’elle fit volte face pour reprendre ma question presque blasée tant la réponse paraissait évidente. Pour elle, peut-être, mais pas pour moi. Pandora semblait me prendre pour le dernier des illuminés. Et le fait que je m’intéresse à elle et à ce qui se passait dans sa vie, le plus insensé des actes imaginables sur cette terre. Je voulais lui crier que oui, malgré notre rupture je ne cessais de songer à elle, et que oui, même sans moi, je voulais la voir heureuse. Mais je me gardais bien de lui dire, tant son ignorance me blessait. Je croyais qu’elle allait se refermer sur elle-même et m’intimer de partir. Pourtant, elle fit radicalement le contraire. Sans que je puisse dire le moindre mot, elle m’avoua les tensions qu’elle rencontrait avec Valentijn, ses doutes vis-à-vis de son futur et proche mariage, et… Quoi ? Ses doutes sur ses sentiments envers Erwin ? Avais-je bien entendu ? Déconcerté par son aveu, je fus frappé par un autre détail. Lors de sa tirade Pandora avait renversé la moitié du contenu de sa tasse qu’elle agrippait fermement, et contre toute attente, cette main était…nue ? Où était passée sa bague de fiançailles. Merde je ne comprenais plus rien. Elle conclu le tout en invoquant la carte des « raisons personnelles » traduction de « il y a quelque chose d’autre mais ne compte pas sur moi pour t’en parler mon coco ». Bouleversé par tant de choses à la fois, je me félicitais d’être resté assis. La bouche grande ouverte je me décidais enfin à lacher une phrase. « Attends… Tu te fous de moi ?! Pandora t’es en train de dire que tu ne vas pas te marier ? T’as…t’as pensé a Erwin dans tout ça ?! Merde Panda, t’as vraiment réfléchis… » Manque de pot, une coupure de courant vint m’interrompre, m’offrant néanmoins l’obscurité pour me remettre des événements, je lâchais cependant un juron comme par automatisme. « Et merde..! » Par automatisme également, je me dirigeais à tâtons vers un meuble dans lequel je savais que je trouverais des bougies chauffe-plat et un briquet. « Troisième tiroir, je sais… » Murmurais-je comme pour moi-même. Un instant, j’eus l’impression que tout était redevenu comme avant. Je n’osais allumer les bougies de peur de briser cette sensation. Je posais le tout sur la table basse en face du canapé. Ne voulant pas faire attendre Pandora, j’enclenchais le briquet. Comble de malchance, ou petit cadeau du destin, celui-ci ne marchait pas, et je manquais de couper le pouce a force d’essayer. « Je crois qu’il ne marche plus… On va devoir faire avec. Tu… Tu veux bien d’assoir ? » Je me levais et tendais la main dans l’obscurité dans le but de rencontrer la sienne et de la ramener près du canapé. J’avais peur de sa réaction si je l’effleurais, mais après tout, on était dans le noir, je ne pourrais pas vraiment voir sa réaction, et c’était peut-être mieux ainsi. Enfin je touchais son poignet, descendais plus bas pour saisir sa main et soufflais à son intention. « Viens par là… Je crois qu’on a des choses à se dire… »


[En fait, je vais un peu attendre avant de cracher e morceau pour Nelle, on va pas gâcher ce petit moment ♥
Et encore désolée pour l'attente ^^']